Création 2022
A heap of broken images, where the sun beats,
And the dead tree gives no shelter, the cricket no relief,
And the dry stone no sound of water.
T.S. Eliot, The Waste Land
Parler de « Dead trees give no shelter » se ferait avant tout à l’aide de termes picturaux : surface, pigments, rugosités et aspérités, oxydation, fusion.
J’aimerais inviter le public dans un espace soumis à l’érosion où se mêlent les matières chorégraphiques, musicales, lumineuses et architecturales. Observer un tableau d’apparence statique, en ressentir l’imperceptible vibration. « Habiter la ruine », pour faire référence à Anna Tsing et son anthropologie des mondes abimés.
Dans cette création musicale et chorégraphique, le délitement se matérialise symboliquement en trois structures verticales, surplombant la scène de six mètres de haut : évocation poétique des thermes de Pompei ou Palmyre, des Sternenfall d’Anselm Kiefer tout en rappelant des ravages dans notre actualité plus récente.
Performeuses et musiciens évoluent dans chacune de ces structures, devenant en quelque sorte des dioramas de leurs corps contraints et retenus dans un espace dont les parois se délitent peu à peu pour n’en garder que l’ossature oxydée.
« L’espace nous porte, puis l’espace nous engloutit. Dans ce laps de temps existe l’humanité » (Aurélien Bory)
J’ai invité Helge Sten, figure de la dark ambiant norvégienne, et la chorégraphe Soa Ratsifandrihana à traverser cet espace. La vibration électrique émise à la fois par la musique d’Helge Sten -qui par sa densité relève presque de la sensation physique- et par la nervosité de Soa Ratsifandrihana proposera une trajectoire d’1h15 dans cet univers, conçue pour les deux formats frontal ou à 360° -avec la possibilité d’une déambulation du public. Je serai à la contrebasse aux côtés de Sten : notre conception musicale laissant la place à l’acoustique de jeu, chaque soirée est modulaire et unique.
Les corps altérables, friables, doués de transformation de la chorégraphie offrent des scènes de danse pulsées, énergiques et syncopées qui forment une polyphonie avec l’immersion sonore de l’AudioVirus de Sten : « DIY electronics, machines historiques d’échos à bande, modulateurs en anneaux, filtres, Thérémine, Buchla synthetiser et samples ». La danse montera progressivement vers un état de ravissement, d’extase, où les trois interprètes se tiennent hors d’eux-mêmes.
Direction artistique • Florentin Ginot
Composition musicale • Helge Sten
Chorégraphie • Soa Ratsifandrihana
Conseil dramaturgique • Michael Bölter
Réalisation scénographique • Olivier Defrocourt
Création lumière • Marie-Hélène Pinon
Son • Martin Antiphon
Direction technique • Sylvaine Nicolas